Le diagnostic visuel comporte le relevé des données dendrométriques (circonférence, hauteur, etc.), l’analyse du milieu environnant et l’examen visuel de l’arbre à proprement parler.
Les traumatismes structuraux et les symptômes de maladie sont observés et quantifiés. Les agents phytopathogènes éventuels sont identifiés ainsi que leur impact sur la vitalité des arbres. En cas de traumatismes mécaniques, une analyse VTA (Visual Tree Assessment) est menée afin de déterminer les risques de chute et le niveau de dangerosité (Mattheck & Breloer 2001).
Le diagnostic phytosanitaire
Un coefficient d’état sanitaire est attribué à chaque arbre analysé en fonction de l’ampleur des éventuels dégâts observés et de l’espérance de vie estimée de l’arbre appelée espérance de maintien.
L’évaluation de la dangerosité de l’arbre se base sur la méthode de Matheny &Clark (1994) en intégrant les 3 facteurs suivants :
Le risque de basculement/rupture des arbres en fonction des pathologies observées
Le calibre des organes potentiellement instables
L’occurrence d’une cible potentielle
Pour chaque facteur considéré, un score compris entre 1 et 4 a été attribué en fonction de leur niveau d’intensité (-> tableau 1).
La somme des scores des 3 facteurs a ensuite fourni une note de dangerosité variant de la valeur 3 (arbre très faiblement dangereux) à la valeur 12 (arbre extrêmement dangereux) -> tableau 2
Ce système permet notamment de comparer les niveaux de dangerosité entre les arbres et de définir les seuils d’intervention. Il est d’usage de conseiller l’abattage à partir d’une valeur de 9/12 soit un niveau de dangerosité qualifié de élevé.
La notion d’arbres dangereux sera liée à un arbre qui représente un danger imminent ou probable avec un risque non acceptable et nécessitant un abattage immédiat endéans les trois mois. Cela rejoint également l’application de la méthode QTRA (Quantified Tree Risk Assessment). Une argumentation scientifique et circonstanciée sera fournie pour chaque arbre à abattre.
Le diagnostic approfondi
En fonction du pathogène lignivore identifié et de son mode d’action, un diagnostic approfondi permettra de quantifier le risque de rupture au niveau du tronc, des racines ou des charpentières.
Afin d’évaluer précisément le risque de rupture repris dans la théorie de Matheny et Clark, et en fonction du mode d’action du pathogène, nous utiliserons un tomographe à ondes sonores (Picus/ modèle 2019) pour évaluer la qualité du bois à l’intérieur du tronc. Il s’agit d’une méthode non intrusive qui respecte la physiologie de l’arbre sans casser les barrières de protection que l’arbre aurait mis en place pour lutter contre le pathogène. Le principe de fonctionnement repose sur l’enregistrement des vitesses de propagation du son à l’intérieur des fibres de bois.
Une ceinture soutenant les capteurs est déposée sur le tronc et un son est envoyé grâce à l’impact du marteau sur les sondes.
Figure 2. Principe de fonctionnement du tomographe à ondes sonores (exemple hors étude). A. Tronc pourri au centre. B. Réseau de vitesses de propagation du son. C. Tomogramme coloré correspondant. Les couleurs correspondent à différentes vitesses de propagation du son au travers de l’arbre, corrélées à la densité du bois.
Le logiciel va alors transformer les vitesses de propagation du son en couleur de manière à obtenir une image de l’intérieur du tronc au niveau du sondage.
Le principe de fonctionnement requiert les considérations suivantes :
- Les tomographies sont réalisées à la hauteur souhaitée en fonction des problématiques observées lors du diagnostic arbre par arbre ;
- La sonde n° 1 étant orientée au Nord, par convention.
- Un trait rouge est positionné à une distance de 1/3 du rayon sur la totalité du pourtour du tronc ; elle correspond à la zone reconnue comme limite à la rupture du tronc.
- Le contour du tronc a été calculé par triangulation des points de mesure. La distance entre les sondes étant connue, l’appareil a mesuré le temps de propagation des ondes sonores à travers le bois. Le réseau dense des vitesses relatives obtenu est ensuite extrapolé et converti en une sorte d’ « échographie colorimétrique », appelée tomogramme, en fonction de la qualité du bois, grâce au logiciel Picus v. Q72 (Argus electronic gmbh, 2019). La légende colorimétrique utilisée est reprise ci-dessous.
Le Diagnostic Complémentaire
Le dépérissement d’un arbre ou des symptômes ne permettent pas toujours d’identifier la cause. Nous devons parfois avoir recours à des analyses poussées en laboratoire :
Identification du pathogène par analyse de son ADN (méthode de biologie moléculaire par PCR)/ Laboratoire de la Haute Ecole Condorcet
Lorsque le milieu de croissance est problématique, il faut analyser les composantes physico chimiques du sol (pH, teneur en matière organique, teneurs en éléments nutritifs N, P, K, Ca Mg ..) afin de pouvoir conseiller des améliorations. Les analyses de terre sont effectuées par le laboratoire CARAH.